C'était une nuit bien épaisse, bien lisse, sans grumeau. Je ne pouvais même pas me raccrocher à la moindre aspérité, comme celle d'un réverbère prétentieux. Mes idées grandissaient dans le noir, elles bénéficiaient d'un engrais métaphysique. La pénombre trempait tous mes sens dans son sirop vibratoire. Plongé dans l'obscurité la plus totale,  je devais remplir une mission difficile : prendre vraiment la nuit en photo.

 

On parle plus volontiers à la nuit qu'au jour, mais encore faut-il être bavard. Mais elle ne nous répond pas. La nuit n'a ni visage, ni voix et pourtant elle nous ouvre chaque soir en grand les portes de son cabaret de la démesure.

Une libellule ne sera jamais une luciole qui est la noctambule de nos campagnes. Elle n'est pas programmée pour, elle est faite pour le jour. Comme nous. Mais la nuit,  nous les humains on fait les marioles. Juste le temps d'une aventure.

 

Full moon - Photo de Francis Pierre
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L'émerveillement, c'est la fleur de la conscience