Un paysage conscient de lui-même

Photographies

Mary Le Lez Mary Le Lez - Photographies

 

Si la forêt sombre et épaisse cache l'ogre, le paysage constitué de lichens soyeux, de rochers érodés  et de landes rases, accueille les Elfes, peuple de l'invisible.

 

Ici, la photographe Mary Le Lez nous propose  un continuum de trois photos représentant  un paysage d'arrière monde, quasi lunaire, sans vie humaine, qui provoque à la fois un sentiment d'absence et de présence immanente.

 

Les photos ont été prises lors d'un atterrissage au Groenland.

 

On est en surplomb d'un estran constitué de trous d'eau et de bancs de sable.

Il est bordé par un amas rocailleux qui s'épaissit au fil des trois photos. Le silence blanc teinté de beige du sable est ponctué par des flaques immobiles. Les notes cacaotées  et veloutées des végétations basses qui recouvrent la pierre sont constellées ici et là de pointes jaunes et vertes.

 

La qualité de l'impression est indéniable, elle sublime la valeur artistique et expressive des photos. Combinée au cadrage et au choix du sujet,  elle transmute le paysage en tableau abstrait.

 

La photographe a reproduit un monde qui apparaît sans vie et qui pourtant constitue un biotope. Le bruit de l'avion a dû faire fuir le grand cormoran qui prend ordinairement ses quartiers d'été sur la grève ainsi que le renard polaire en maraude.

 

Mais toutes ces images complémentaires résultent d'un enchaînement de la pensée alors que les photos correspondent à un moment donné,  à une tranche de temps sans avant ni après.

 

Au final subsiste comme l'impression d'une beauté froide mais nullement désincarnée. Un paysage conscient de lui-même.

 

Il faudra sans doute aller voir du côté des Elfes.

 

 

Version imprimable | Plan du site
L'émerveillement, c'est la fleur de la conscience