Qu’il soit d’Alep ou des Canaries, Sylvestre, Noir d’Autriche, le pin c’est un tas aiguilles au sol. Une fois tombées, elles forment un tapis, un paillis végétal moelleux.
Je vais prendre ici le pin maritime comme modèle car il est très commun dans nos contrées.
Le pin maritime, c’est d’abord pour l’œil une haute silhouette dans l’espace. Dressé dans l'espace comme le Grand Duduche sur la photo de classe, il est souvent esseulé, sans copain à immédiate proximité. Dans le bocage, cet hurluberlu du talus sert au mieux de sémaphore aux doryphores ou de airbnb aux choucas des tours. S’il ne porte pas un chapeau pointu comme cime comme la plupart des autres arbres, ce n’est pas parce que ce n’est ni une flèche, ni une fusée mais un pin.
Sur le bord de mer ce grand échassier immobile et couronné surplombe de son ostentation naturelle les vacanciers à la plage. S’il développe souvent une scoliose, cette cambrure malheureuse se transforme en courbure érotique.
Graphiquement imposant, il aime bien se donner un air tragique et docte. De par sa forme naturellement élancée, le pin maritime marque volontiers l’exclamation, ponctue verticalement une phrase paysagère ou caresse les cieux.